Un groupe de marins s'amuse. Photo ancienne.

Découvrir, oui, mais découvrir comment ?

Depuis quelques semaines, les astres s’alignent : mes émissions de radio préférées, les cadeaux déposés sous le sapin, Arte ou Instagram, tout me parle d’un mot : la découverte. Découverte d’un lieu, d’un secret de famille, d’une formule, d’une personne : le monde s’ouvre, l’objet est neuf, et les réponses, souvent, charrient avec elles un lot impressionnant de questions. Sauf que voilà, la découverte n’est pas un événement pour toustes : elle n’existe que dans l’œil de celui qui ne savait pas.

Prenez l’Amérique du Sud, par exemple. Comme nous le raconte l’excellent documentaire L’incroyable périple de Magellan, l’explorateur part, avec 237 hommes, dans des eaux inconnues, à la recherche d’une nouvelle route, celle qui saura relier l’Atlantique au Pacifique, quelque part — il le sent — au sud du Brésil. Le long de la ligne de côte, les terres absentes des cartes se découvrent peu peu à leur regard. Ils y apposent des noms, ceux de leurs saint·es, ceux de leurs peurs aussi. Pourtant, souvent, des femmes et des hommes y ont déjà nommé ; elles et ils vivent, mangent, pêchent, aiment, meurent déjà — et ne s’en cachent pas. Ce que les marins croient faire apparaître, en réalité ils l’abîment ou le tuent. Ce qui est nouveau, seulement, c’est la rencontre, si elle a lieu.

Photo ancienne de la Navy anglaise.
Photo ancienne de la Navy anglaise.

La généalogie, l’anti voyage de Magellan

La généalogie, c’est un peu l’anti voyage de Magellan. On cherche, certes, on va au-delà de notre monde connu ; on cartographie les lignes que les archives révèlent. Mais à la différence de l’équipage du XVIe siècle, on reconnaît que la vie que l’on touche du doigt n’est nouvelle que pour nous, qu’elle a eu du sens, de la place et de l’écho dans son paysage, et notre travail de géographe n’a pour but que de lui rendre un espace, non de l’envahir et de la spolier. C’est une opération délicate qui exige de se délester un instant de son armure et de ses savoirs ; seul le sextan peut nous chuchoter quelques chiffres : les coordonnées qui nous relient. On peut alors esquisser le profil de la côte, et entrer doucement dans le paysage de nos ancêtres.

Alors, pour cette année qui s’ouvre, je vous souhaite de découvrir, et de redonner de la forme et du sens à ce qui naît pour vous.
En tout cas, moi je vais m’y appliquer !

Les sources des documents sont accessibles en cliquant sur chaque image.


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