Les Suédois au Haut-Koenigsbourg

#ChallengeAZ | H comme Haut-Kœnigsbourg

Si on regarde bien, on peut apercevoir dans les hauteurs d’Orschwiller, au pied du Haut-Kœnigsbourg :

A Orschwiller, une plaque évoque le sort de l'ancienne église paroissiale.
A Orschwiller, une plaque évoque le sort de l'ancienne église paroissiale.

Jusqu'en 1780 s'élevait ici l'ancienne Église Paroissiale dite du Mont des Oliviers, dédiée à Saint Michel archange. Première église vers l'an 900. Église incendiée par les Suédois en 1633. Reconstruite en 1660. Démolie en 1780. (Matériaux utilisés dans la construction de l'église actuelle).

Ce vieux panneau rouillé, en évoquant le sort de l’église, témoigne d’événements traumatisants de l’histoire du village et du château qui le surplombe. Mais à propos…

Que sont venus faire les Suédois en Alsace en 1633 ?

Entre 1618 et 1648, le Rhin supérieur est traversé par la guerre de Trente Ans. Cette guerre d’une grande violence est l’aboutissement des tensions entre catholiques et protestant·es agitant toute l’Europe. Le conflit ne naît pas en Alsace mais la région se retrouve en première ligne du fait de sa position frontière et de son morcellement politique et religieux. Dès le début des affrontements, villes et campagnes sont touchées de plein fouet par les combats, les saccages et les contre-offensives des deux camps. C’est là que les Suédois entrent en jeu.

En 1629, la situation est favorable aux catholiques. Les protestant·es se lancent alors dans une contre-offensive violente grâce notamment au renfort des Suédois. En 1632, Erstein, Obernai, Colmar et d’autres communes sont canardées par le Magistrat de Strasbourg allié à Gustave Adolphe de Suède.

Jacques Callot, Les grandes misères de la guerre (1633)
Jacques Callot, Les grandes misères de la guerre (1633)

L’arrivée des Suédois participe à la montée des violences contre et entre les populations civiles. Par exemple, dans le Sundgau, face à l’occupation suédoise et à son lot de pillages et de saccages, on assiste à une nouvelle réaction catholique aboutissant à des massacres entre villageois·es.

Orschwiller est incendié (avec son église) dans la droite ligne de ces événements. Au début de 1633, attaqué·es de toutes parts, ses habitant·es se réfugient au Haut-Koenigsbourg.

Le Haut-Koenigsbourg assiégé (juillet-septembre 1633)

Au château, les villageois·es sont réquisitionné·es pour travailler à renforcer les défenses de la forteresse. Douze personnes sont chargées de faire la garde à tour de rôle. La défense du château est confiée au commandant Philippe de Lichtenau.
Hohen Kintzburg in Elsas, 1633
Hohen Kintzburg in Elsas, 1633
A la fin du mois de mai, un premier assaut du château est entrepris par le prince allemand (rhingrave) Jean Philippe — en vain. Le siège du Haut-Kœnigsbourg commence véritablement en juillet 1633, sous les ordres du lieutenant-colonel Georges Sébastien Fischer (régiment Hubaldt). Après 8 jours de siège et de bombardements, une première sommation est envoyée à Lichtenau. Il refuse de se rendre.
Dans une lettre qu’il réussit à envoyer le 8 août en demande de renfort, le commandant précise que les tranchées ennemies sont à la porte du château : impossible d’en sortir ou d’y rentrer sans risquer de mourir.
Les secours n’arriveront jamais. Lichtenau, sa garnison et les habitant·es réfugié·es sont contraint·es de capituler en septembre 1633, après 52 jours de siège. Le Haut-Koenigsbourg est pillé, incendié et laissé en ruines. Il ne sera reconstruit qu’en 1901-1908, sous l’impulsion de Guillaume II… mais c’est une autre histoire.
Quatre siècles plus tard, ces événements restent ancrés dans l’histoire et la mémoire de la région.
Le Haut-Koenigsbourg aujourd'hui.

Les sources des photos sont accessibles en cliquant sur chaque image.


Sources de l’article :

  • Georges Livet, « La Guerre de Trente Ans et les traités de Westphalie. La formation de la province d’Alsace (1618-1715) » dans Philippe Dollinger, Histoire de l’Alsace, Privat, 1970
  • Site web du Haut-Koenigsbourg
  • Club Vosgien de Sélestat, Die Hoh-Königsburg im Elsass, 1878 (en français) [en ligne]

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