#ChallengeAZ | M comme Match ADN
Depuis quelques années, les tests ADN récréatifs (MyHeritage, 23andMe, AncestryDNA…) se démocratisent. Chaque année, des millions de personnes à travers le monde font le choix de séquencer leur ADN pour explorer leur histoire. Au-delà des origines ethniques, les tests — interdits en France — permettent de découvrir des parentés biologiques, mais aussi d’en savoir plus sur nos ancêtres à la filiation inconnue grâce aux matchs ADN.
Qu'est-ce qu'un match ADN ?
Un match ADN est une personne dont une partie donnée de l’ADN coïncide avec le vôtre. Les matchs, ou correspondances ADN, peuvent être réparti·es en plusieurs catégories : la famille proche, la famille élargie, les parents éloignés.
Deux remarques générales à garder en tête :
- Les matchs ADN sont des gens qui ont fait le même test que vous, ou qui ont déposé sur la même plateforme que vous leur ADN séquencé ailleurs. Tout le monde ne s’est pas fait tester, et tout le monde ne s’est pas fait tester sur la même plateforme [1].
- Les tests ADN à visée généalogique sont interdits en France [2]. Par conséquent, même si de nombreuses et nombreux Français·es passent le pas chaque année, il n’en reste pas moins que les bases de données sont constituées majoritairement de personnes d’Amérique du Nord. Aux États-Unis, plus d’1 personne sur 5 a déjà fait un test ADN. Ainsi, si une grande partie de vos matchs ADN vient des États-Unis, c’est donc probablement d’abord parce que celles et ceux-ci sont majoritaires sur la plateforme.
Quelles informations connaître pour comprendre mes matchs ADN ?
- le pourcentage d’ADN commun ;
- la longueur totale des segments d’ADN partagés (en cM = centimorgan) ;
- le nombre de segments partagés ;
- la longueur du segment partagé le plus long.
Selon les plateformes, vous aurez aussi accès à des détails sur la localisation des segments partagés ou les matchs ADN communs par exemple.
Le pourcentage d’ADN et la longueur des segments d’ADN partagés permettent d’estimer votre parenté avec le match ADN. On partage environ 50% de son ADN avec ses parents et enfants biologiques ; à chaque génération, ce nombre est divisé par deux.
Comment identifier le lien de parenté avec un match ADN ?
A l’aide des pourcentages et longueurs de segments, identifiez ensuite à quelle génération votre ancêtre commun devrait se situer. Attention aux décalages de générations ! Par exemple, même si vous avez le même âge que votre match, votre ancêtre commun peut être à 4 générations au-dessus de vous, mais à 3 générations seulement au-dessus de votre match.
Si cette personne matche avec des personnes déjà connues dans votre généalogie (une cousine, un grand-oncle…), déterminez la branche sur laquelle elle se situe.
Peut-on retrouver un ancêtre ou parent biologique grâce aux tests ADN ?
C’est compliqué, mais ce n’est pas impossible. En fait, cela dépend surtout de la proximité de vos matchs.
Avant toute chose, dans la mesure du possible, identifiez les matchs de la branche recherchée. Des données liées au chromosome X, transmis par les mères, ou à l’haplogroupe du chromosome Y (lignée des pères), peuvent par exemple vous guider. Par ailleurs, procédez par recoupement : si vous avez réussi à situer une correspondance ADN dans une branche connue qui n’est pas l’objet de votre recherche — appelons-le « Monsieur A » —, repérez toutes les personnes qui matchent avec vous et avec Monsieur A. Elles appartiennent à une branche connue : elles sont donc à exclure de votre recherche.
Commencez par les matchs les plus proches. Interrogez-les sur leur famille, les données généalogiques connues. C’est votre point de départ.
Il vous faut ensuite réaliser la généalogie de ce match ADN à partir des données qu’il ou elle a accepté de vous communiquer. Ne vous fiez pas aux sites de généalogie en ligne qui comportent souvent des erreurs et approximations : dans ce type d’enquête, encore plus qu’ailleurs, l’à-peu-près est contre-productif. Remontez jusqu’aux générations où votre ancêtre commun devrait se situer, sur toutes les branches.
Il s’agit alors de réaliser la généalogie descendante de tou·tes les ancêtres de cette génération. C’est un opération longue et délicate, car il faut être certain·e de n’oublier personne ! L’objectif est de descendre jusqu’à la génération de l’ancêtre ou du parent biologique recherché·e. A noter que si la personne recherchée est née il y a moins de 75 ans, vous vous heurterez à la barrière de la vie privée : l’état civil le plus récent n’est pas accessible à tout le monde (sauf les actes de décès). Il faudra alors échanger avec les proches ou rechercher d’autres informations. Un·e généalogiste familial·e peut vous accompagner dans ce travail.
Si une branche ne peut pas être poursuivie (enfant abandonné, père inconnu…), ou si une filiation non-biologique cachée s’est glissée dans l’arbre, les recherches autour d’un match ADN peuvent se révéler infructueuses. On poursuit alors à partir d’un autre match — c’est long, mais on avance toujours vers la solution.
[1] Certaines plateformes permettent aussi d’extraire le séquençage de son génome et de le déposer sur un autre site. Des outils comme Gedmatch permettent aussi de comparer gratuitement les résultats de plusieurs bases de données.
[2] Les tests ADN en vente libre sont interdits en France, notamment pour respecter l’anonymat des donneurs et des donneuses de gamètes ou des personnes ayant accouché sous X, mais aussi dans un souci de protection de la vie privée.
Les sources des documents sont accessibles en cliquant sur chaque image.
- Nathalie Jovanovic-Floricourt, L’ADN, un outil généalogique, Archives & Culture, 2019.